La Nostalgie

                                                 La Nostalgie



La nostalgie est un penchant irrésistible et l’idéalisation du passé, monnaie courante. Le “C’était mieux avant” est devenu banal et fait l’affaire de bien des vendeurs de rêves. 

D’un point de vue psychanalytique, cela s’explique simplement car pour la majorité d’entre nous, notre enfance, malgré ses difficultés, ses souffrances et ses renoncements, s’est plutôt bien passée....”Ô comme je regrette mon enfance!” est une phrase que l’on entend très souvent.

Tandis que le présent est lourd, difficile à vivre, le passé paraît souvent léger, joyeux, délesté de toute pression anxiogène, tel un paradis enfantin.

Quand on y regarde de plus près, cette période d’enfance, de totale dépendance en réalité, a été bien plus nuancée. Mais quand on veut s’en souvenir, notre mémoire nous joue des tours et nous idéalisons ce passé, comme pour réparer les préjudices, effacer la culpabilité... 

En revivant nos souvenirs sous un filtre idéalisé, nous nous persuadons parfois même que notre vie n’a pas été si douloureuse que cela. Un peu comme le souvenir d’un voyage compliqué et dont nous ne cherchons à ne retenir que la découvertes de paysages nouveaux, de parfums, l’expérience enrichissante... tout en mettant de coté la chaleur étouffante, les attentes interminables où la nourriture infâme !

Dans notre présent, nous ressentons une étrange jouissance à nous plaindre, à éprouver le manque, la colère, ce “moitié vide”.

Cette passion pour la nostalgie fait le lit de tous les publicitaires, cinéastes, écrivains, ou spécialistes musicaux, ils ont tous compris ce goût immodérée pour le “jadis”. 

Mais si cela n’était qu’affaire de mode… Freud a décrit dans « Deuil et mélancolie » le processus d’idéalisation du défunt permettant d’admettre sa disparition définitive. Ainsi, à peine la personne est-elle morte que nous ne voyons plus que ses qualités, auxquelles nous nous cramponnons pour célébrer le passé… Et nous convaincre de l’amour que nous lui portons!

Que serait un monde sans nostalgie ?  Se souvenir, éprouver du chagrin, c’est le terreau de la mémoire humaine. Célébrer le passé est moins dangereux que penser l’avenir et ses incertitudes.

Cependant, à force de vivre dans le passé, de célébrer seulement ce qui est mort, nous pouvons finir par ne plus pouvoir supporter le présent.

 Il n’y a que délivré de nos fantômes que l’on peut vivre intensément notre moment présent, aller de l’avant, construire notre futur, dans la joie de la découverte… et que l’on pourra fièrement affirmer dans nos vieux jours, que l’on a « vécu » !


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